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. Avant la venue des Ombres

 
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Salvor.Hardin
Aspirant genin


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MessagePosté le: Sam 30 Déc 2006, 3:55 am    Sujet du message: Avant la venue des Ombres Répondre en citant

Chapitre I

- Le Germe de la Guerre -



«_Ils attaquent par la rivière maintenant ! Mais bon sang, combien sont-ils ?! Où est passé le capitaine ?
_Lieutenant Kuzani... Le capitaine est certainement tombé lors du dernier assaut. Les lignes ennemies sont déjà reformées à l'est. Cela veut dire que l'attaque par la montagne a échoué.»

Kuzani qui n'avait pas l'habitude de parler dans les yeux de ses subordonnés tourna pourtant son visage courroucé à l'adresse du sergent.

«_Qu'en savez-vous ?! Vous êtes chargé de l'unité d'Intelligence, votre travail est de connaître les faits et vous servir d'informations vérifiées. Tout ce que nous savons, c'est que l'ennemi n'a pas faibli dans la contre-attaque, mais le capitaine Hatake n'a certainement pas abandonné, quand bien même serait-il captif. Ne le connaissez-vous donc pas ? Il ne cessera pas de se battre tant que le Pays du Feu ne sera pas une nation à l’abris des guerres.»

Loin derrière les lignes ennemies, un convoi de Ninja masqués traversait la plaine de Amenohi. Portant un prisonnier au moyen d'un kekai habile, ils se dirigeaient vers l'un des centres de commandement du Royaume.
Les guerres avaient tant marqué les paysages de leur empreinte que l'idée de Okono Itsumi, fondateur du Royaume, fut de remplacer les villes les plus importantes par des avant-postes tactiques. Sa stratégie était d'amener la guerre sur le peuple pour le forcer à prendre part à l'unification de tous les pays dans un empire unique. Qu'ils se battent pour ou contre le Royaume était égal à Itsumi. Ce qui comptait pour lui était le conflit armé, qui affaiblissait les plus forts et galvanisait les plus faibles. Du désespoir et de la peur il espérait voir naître un nouveau monde, uni et à jamais paisible. Ce soir là, Itsumi attendait avec une impatience qu'il ne pouvait dissimuler, les Ninja à qui il avait confié la tâche de ramener son dernier ennemi. Celui qui lui avait tenu tête pendant tant d'années et qui avec le seul Pays du Feu derrière lui, pouvait repousser un empire presque entier : le Ninja légendaire, élémentaliste de la terre, Hatake Shinji.

La première impression d'Itsumi fut le mépris et la colère, quand le kekai fut rompu et que le Ninja du Pays du Feu se vautra devant ses pieds, le visage et ses cheveux argent pleins de terre, plus mort que vif. Itsumi pensait en lui-même que cette larve qui ne pouvait même pas redresser la tête était bel et bien son ennemi le plus coriace et contre lequel il avait tant travaillé pour arriver à ce moment. Pendant plusieurs minutes, un silence mortel habitat la tente de soin qui servait pour l'heure de couverture à la venue d'Itsumi sur le théâtre de guerre. Le conflit était-il enfin terminé ? Se pouvait-il qu'en la seule présence d'un Hatake Shinji vaincu réside le moment crucial de l'unification tant espérée ?

«_Hatake Shinji...» commença Itsumi sur un ton solennel. «Vous avez combattu vaillamment et vous voilà maintenant vaincu. Avant de mourir, voulez-vous me faire l'honneur d'accepter la reddition et ainsi admettre devant moi que l’unification du Royaume est la seule solution ?»

Sans relever la tête, Shinji répondit tranquillement à son bourreau :

«_Okono Itsumi... Il n'y a pas de reddition possible quand un combat ne peut pas s'achever. Vous pouvez me terrasser aujourd'hui mais vous ne pourrez jamais éteindre la flamme qui brûle dans le cœur des hommes. Car elle est immortelle et ne peut être commandée. Je ne suis pour vous que le symbole d'un peuple qui périra avec moi... Mais vous vous trompez, le Pays du Feu n'a pas besoin de moi pour vivre. C'est moi qui ai besoin de lui, car il me donne la force de le protéger et protéger tous ses habitants. Quand je mourrai, une nouvelle flamme brûlera dans le cœur d'un autre, plus vive encore que dans le mien.»

Itsumi se régalait de ces propos qui venaient ranimer en lui le plaisir de la victoire. Il jubilait et espérait même que Shinji se lève pour tenter dans un ultime effort de le tuer.

«_Okono Itsumi... Le Pays du Feu ne tombera pas après ma mort, mais votre Royaume mourra avec vous !»

En un instant, tout bascula. Le corps de Shinji avait disparu dans le sol, comme s'il avait été avalé par la terre. Les quatre Ninja qui l'avaient capturé se précipitèrent en formation de défense autours d'Itsumi qui riait aux éclats, émerveillé par la tournure soudaine des événements. Le sang laissé sur le sol par Shinji prit alors feu et tout s'embrasa soudainement.
Une voix s'éleva dans les flammes :

«_Nimpo : Doton, la bouche des enfers...»

La terre s'éleva autours de la tente qui s'était changée en bûcher. Le grondement sourd de la terre semblait faire vibrer le feu lui même qui commençait à lécher les parois de terre et se mêler avec elles pour créer une prison de lave.
Les quatre Ninja étaient pris de panique, impuissants et désorientés, tenant tous un kunai inutile à la main fasse à un tel déchaînement d’éléments. Au centre, Itsumi était hystérique, riant d'une joie folle et furieuse.

«_Nimpo : les golems de magma !»

Des formes humanoïdes faites de lave s'élevèrent du sol, le faisant se rompre avec la chaleur qu'ils dégageaient. Ils prirent chacun un des Ninja transformés en torches humaines à leurs contacts et les emmenèrent dans les profondeurs du sol. Le feu était maintenant général et Itsumi pris dans les flammes continuait de rire comme un dément.

Au sommet de la cage de magma, une nouvelle forme humaine apparaissait, coulant naturellement comme de la lave et se rapprochant d'Itsumi. Son visage était celui de Shinji dont les yeux n'étaient plus que des orbites vides dans lesquels brûlait un feu rouge ardent. Sa chevelure était de flammes d’or. Se penchant doucement sur sa proie il fut alors surpris de voir les yeux fous d’Itsumi se lever vers les siens. Avec un sourire ravi, Itsumi sauta en direction de Shinji :

«_Hyoton : l'étincelle de glace !!» hurla-t-il en envoyant son bras sur l’homme de roche et de feu.

Il prit à main nue la gorge de lave de Shinji et y fit pénétrer une flammèche d'un bleu étincelant qui changea instantanément le magma en roche. Les yeux de Shinji tremblaient maintenant d'un feu bleu qui semblait lui ôter la vie de l'intérieur. Itsumi poussa un hurlement de rage et tout le magma de la prison explosa sous l’action du froid intense de l’étincèle bleue. Les Ninja des alentours qui avaient été alertés se figèrent tous devant ce que l’explosion avait révélé : Itsumi se tenait debout, un rictus inhumain de plaisir déchirant son visage, et au dessus de lui, la statue d’un homme sortant d’une flamme venue de la terre et qui se penchait sur lui.
Le calme était revenu et le maître de guerre contemplait son œuvre, ne prêtant pas attention à ses soldats, interdits devant ce spectacle. Après un dernier sourire narquois et satisfait, il détourna son visage pour donner des consignes à ses hommes.

« _La guerre est finie mais nous sommes encore au milieu d’une bataille ! Alors remuez-vous et partez tout de suite au front pour en finir, je veux tous les hommes à la frontière est. Qu’elle tombe maintenant ! »

Il essaya de marcher vers eux mais à son étonnement il réalisa qu’il ne pouvait bouger ses jambes. Ses pieds étaient pris dans la roche qui constituait la statue mortuaire de Hatake Shinji. Furieux il donna un violent coup pour s’en dégager mais rien n’y fit. Il utilisa alors une technique de glaciation en apposant son index sur la pierre, entre les yeux de Shinji. La roche commença à geler. Il voulu se défaire du piège mais sa jambe se rompit : jusqu’au mollet, ses membres avaient été changé en pierre, et maintenant en glace. Il poussa un hurlement de haine qui raisonna dans toute la plaine et emplit le cœur des hommes d’une peur cruelle et froide.

Sur le front, le lieutenant Kuzani était en train de donner ses dernières instructions aux troupes. Il ranimait le courage dans chacun de ses hommes pour le dernier assaut. Tous savaient qu’ils ne pouvaient plus gagner et c’était au lieutenant de sauvegarder en eux leur combativité, pour que le désespoir ne vienne pas après leur mort. Il ne pensait qu’à son capitaine, trouvant son courage dans les souvenirs de ses actions et ses paroles. « Les choses les plus douces sont faites pour durer », disait-il. « Les choses les plus dures seront brisées » se répétait-il.
C’est à ce moment là que Shinoru Ikki, général du Royaume, ordonna à Makyuusei, son scorpion noir géant, de sectionner la falaise sur laquelle se tenait la dernière unité du Pays du Feu. La terre entière se mit à trembler et dans les yeux de son lieutenant, le jeune sergent vit la flamme dont il lui avait parlé. Sautant d’un bloc de roche à un autre dans une apocalypse assourdissante, Kuzani se précipitait, son katana à la main, vers le général ennemi. Devant cette bravoure guerrière, le jeune Ninja sentait monter en lui une chaleur effrayante qui prenait contrôle de son corps. Sans même s’en apercevoir, il était sur les traces de son lieutenant, armé d’un misérable kunai. Pourtant, il se sentait plus puissant que jamais. Non pas qu’il pensait survivre ou même gagner, mais quelque chose en lui avait changé. Il allait donner un sens à son existence. Jamais il ne s’était senti aussi important, comme si tous les visages qu’il connaissait s’unifiaient au sien dans un arbre que lui seul maintenant pouvait garder en vie. Quand la queue du scorpion, noire comme la mort, vint les frapper de plein fouet pour les enterrer dans les restes de la montagne, Kuzani et son sergent avaient gardé le même regard, la même conviction et le même sentiment d’avoir protégé les leurs.

Le général Shinoru revenait vers son maître, victorieux et empli d’une fierté vile qui illuminait son pâle visage. Itsumi était assis dans un fauteuil roulant, une couverture était sur ses genoux, et du givre se formait à l’extrémité qui masquait ses mutilations. Il l’accueillit avec une indifférence méprisante et Ikki sentait monter en lui la soif de sang qui le pousserait un jour à prendre la place de son maître. Il lutta pour ne pas la lui dévoiler encore une fois. Il en avait déjà souffert dans sa jeunesse et le prix de son orgueil fut de perdre à jamais la chaleur de son cœur. Depuis, il n’avait jamais pu aimer ou ressentir quoique ce soit d’agréable. Tout ce qui restait dans la carcasse vide de son âme n’était que peur et colère, aussi creuses et futiles que sa propre existence. Pire que cela, il ne pouvait plus vivre que dans le besoin de satisfaire son tortionnaire, la seule personne qu’il arrivait maintenant à aimer, et haïr. Itsumi ne lui avait jamais donné d’affection ou de respect, mais il lui accordait sa confiance, comme on nourrit un loup pour tromper sa vigilance. Mais cette fois-ci, c’était différent. Son maître avait vécu pour ce moment et même si Ikki s’était souvent demandé ce que Itsumi allait réellement ressentir quand la guerre fut gagnée, il n’avait pas envisagé la tristesse sur le visage du nouveau Roi.

Sur le champ de bataille, maintenant figé dans la mort, le vent se levait et caressait la roche effondrée pour lui ôter son manteau de poussière. Les cadavres de Ninja et de samurai étaient devenus des éléments de ce paysage baroque que contemplait au loin, le nouveau souverain qui avait vaincu. Mais trop éloigné pour saisir les détails de cet extraordinaire tombeau, il ne pouvait voir les quelques remous dans la pierre, signes que la vie n’avait pas tout à fait disparu. Au milieu des décombres et des dépouilles, une vie se mouvait à la surface et c’est alors un bras noirci par le sang et la poussière qui éclot de la terre. Une forme humaine sortait des entrailles d’un monde mort. Le jeune sergent qui avait découvert son courage pour affronter sa propre fin pouvait encore respirer et regarder les étoiles. Dans le silence à peine troublé par le vent, il ne pouvait comprendre qu’il était en vie. Dans un ultime effort, il parvint à se dire à lui-même : « je suis Uchiha Kaoru du Pays du Feu et je suis vivant.»

A SUIVRE


Dernière édition par Salvor.Hardin le Mer 17 Jan 2007, 12:05 am; édité 2 fois
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Salvor.Hardin
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MessagePosté le: Jeu 11 Jan 2007, 5:11 am    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre II

- Entre Ombre et Lumière -



Le matin. Une brume froide se révélait sous les rayons naissants d’un soleil en deuil. Le paysage ravagé par les combats de la nuit dernière ne ressemblait plus à cette prairie verdoyante et à la rivière dansante. La colline majestueuse et imprenable qui s’élevait hier encore n’était plus aujourd’hui qu’un tas de gravas, obstruant l’écoulement d’une eau boueuse qui charriait les corps de ceux morts au combat. Kaoru ouvrait les yeux et il lui sembla que cet effort allait lui arracher son dernier souffle de vie. Il se rappelait du dernier assaut, de son lieutenant devant lui, animé d’une furie vengeresse. La fièvre lui faisait revivre ces instants dans un cauchemar éveillé. Il se rappelait encore sa bravoure de la veille, mais dans le froid qui poignardait son corps affaibli, seule la détresse occupait son esprit. «Bouge… bouge… bouge » se répétait-il, mais ses membres engourdis ne répondaient plus. Pourtant, sans qu’il puisse comprendre pourquoi, quelque chose lui redonnait espoir. Etait-ce encore la fièvre ? Délirait-il au point de confondre mort et vie ? Kaoru eut alors peur que la démence ne s’empare de lui et dans le bref moment de lucidité que cette crainte lui conféra, il comprit d’où venait ce sentiment de confiance en son destin : il entendait les aboiements d’un chien, et il se rapprochait.
Quand il ouvrit les yeux à nouveau, la brume s’était légèrement dissipée… A moins que son état ne fut meilleur et que le propre brouillard dans ses yeux ne se soit levé. Mais qui avait pu l’y aider ? Le chien qui lui léchait le visage sans qu’il puisse s’en défaire ne pouvait certainement pas le soigner, pas même un chien Ninja.

« _Yajuu, tu peux arrêter, il est réveillé. J’ai fait tomber sa fièvre. Il va seulement avoir besoin de repos maintenant. »

C’était la voix d’une jeune femme mais il ne pouvait la voir. Yajuu ? Le nom de l’animal ?

« _Il a un gout de sang qui n’est pas déplaisant… Tu es sur que tu veux le garder en vie Tsuyu ? »

Cette voix était rappeuse et profonde. Mais surtout, elle provenait de cette bête. Il s’agissait bel et bien d’un chien de Shinobi. Cela voulait-il dire que cette Tsuyu était une Kunoichi* ? Etait-il en danger alors qu’il se croyait enfin sauvé ?
Tsuyu se pencha sur lui et il pouvait finalement la voir. Ses yeux étaient aussi noirs que ses longs cheveux. Kaoru les sentait sur son visage, comme des gouttes de rosée qui lui redonnaient des forces. Ou bien était-ce ce sourire bienveillant posé sur lui ? Ou même simplement la beauté sauvage de la femme Ninja ? Il en était sur à présent, son regard était celui d’une combattante qui avait vu la mort. Pourtant, il n’avait plus peur. Quoiqu’il arrive, Kaoru allait pour le moment s’abandonner aux mains de Tsuyu. « Tsuyu… Quel joli nom » pensa-t-il avant de fermer les yeux.

« _Hé ho ! C’est le matin gamin, on se lève. »

Apparemment elle ne voulait pas le laisser se reposer… Que voulait-elle ? Etait-elle une ennemie ? Peut-être qu’elle faisait parti d’une escouade du Royaume, cherchant les survivants pour les capturer…

« _Je… je…
_Il n’arrive même pas à parler, est-ce que ça vaut bien le coup de ramener une moitié de cadavre alors que je pourrais avoir un repas entier à la place ?
_On fera ce que j’ai dit, Yajuu…
_On ne sait même pas si c’est un ennemi ou non !
_On lui demandera quand il ira mieux. Jusque là, c’est toi qui le porte… » conclut Tsuyu avec malice.

Il valait mieux que Kaoru ne dise rien pour l’instant. En se reposant, il pourrait regagner des forces nécessaires à son évasion et aussi en apprendre plus sur ses « bienfaiteurs ».
Tsuyu allongea Kaoru sur une étoffe qu’elle attacha au ventre du grand chien. Le trio se mit en route et s’il fallait en juger par la position du soleil, ils se dirigeaient vers le nord. Kaoru se demandait où ils allaient. Il avait étudié toute la cartographie du secteur à plus de quinze kilomètres à la ronde et l’avantage stratégique de cette zone était qu’en cas d’invasion, l’ennemi était trop loin de ses propres avant-postes et de tous territoires tactiques pour se replier et fortifier ses lignes. Le capitaine Hatake avait réussi à provoquer la bataille dans une zone éloignée de tout. Il n’y avait donc rien d’autre que la nature, plus ou moins sauvage. Le regard perdu dans le ciel, il interrompit ses réflexions pour observer le vol d’un faucon, très haut au-dessus d’eux. L’oiseau se dirigeait dans la même direction que leur convoi. Un nouveau mystère occupait l’esprit du jeune sergent et il eut alors conscience que son destin n’était plus entre ses mains.

Kaoru laissait enfin le champ de bataille derrière lui, et sans le savoir, ses nouveaux dangers. Un groupe de Ninja venus du Royaume quadrillait déjà la zone, à la recherche de survivants. Ils étaient menés par un jeune Samurai à l’allure noble et au visage fermé. Le guerrier marchait tranquillement pendant que les Shinobi sautaient d’un cadavre à un autre dans une danse de ninjutsus flamboyants. Des éclairs, de l’eau, des flammes… Les quatre Ninja utilisaient toutes leurs artilleries de techniques pour dénicher de quoi faire un prisonnier. La soif de sang des émissaires du Royaume ranimait pour un temps l’atmosphère meurtrière de la veille. C’est alors que l’un des Ninja, trop pressé dans ses recherches, manqua de percuter son supérieur. Le Samurai se figea, sans quitter l’horizon des yeux, et comme un seul homme, ses quatre subordonnés se stoppèrent, interdits dans une attente terriblement excitante.

« _Oh… Aurais-je coupé l’élan de notre jeune maître Bushi* ? » lança le Ninja goguenard qui avait créé la situation.

Ses trois partenaires laissèrent échapper des ricanements qui donnaient leur approbation à ce petit jeu de mutinerie. Le Samurai était impassible. Un long silence s’installa et quand il fut évident qu’aucun n’allait reprendre la parole, le jeune capitaine choisit de répondre.

« _S’il est vrai que mes maîtres furent connus sous le nom de Bushi, le Royaume que nous servons maintenant nous appelle Samurai. Non pas que je chérisse d’avantage cette époque décadente qui nécessite l’utilisation de Hinin* comme vous pour maintenir la paix. Mais contrairement à vous, mon statut de Samurai prouve que ma valeur de guerrier est une force reconnue, tout comme l’honneur de combattant qui brûle dans ma chair et que vous ne comprendrez jamais.
_Mais il parle ! Sans doute un peu trop pour un gamin… On se sent protéger par la hiérarchie et son pauvre sabre, n’est-ce pas ? Mais je me demande ce qui arriverait à cette belle assurance si ces beaux yeux venaient à faire face à la mort… »

Le Ninja modifia très subtilement ses appuis et en instant il se trouva en position d’attaque. Les trois autres observaient attentivement la scène. Aucun cependant ne put discerner le mouvement presque imperceptible du Samurai qui avait maintenant une main sur la poignée de son katana. La lame était visible, tirée de quelques centimètres de son fourreau.
Le Shinobi insurgé tomba sur les genoux, frappé mortellement. Que s’était-il passé ? Il n’avait rien vu, si ce n’était les yeux de son jeune supérieur. Pourquoi ne ressentait-il aucune douleur ? Une peur terrifiante s’écoulait en lui comme une avalanche. Sa raison fut balayée et il ne savait plus qu’une seule chose : il était mort. Ses camarades tressaillirent à sa vue. Il ne bougeait plus, ses yeux grands ouverts semblaient hurler de terreur et des larmes coulèrent sur ses joues. Le Samurai n’avait pas bougé. Il avait toujours une main sur son arme et celle-ci n’avait pas bougé de son étui. Quand le masque de la mort s’estompa dans le cœur du Ninja à terre, il comprit que rien ne s’était passé. La seule soif de sang du Samurai mêlée à la détermination de son Iaijutsu* avait envahit son esprit d’une image de mort insoutenable. Il n’y avait eu aucun combat et le Ninja était vaincu.

« _Il reste plus du trois quart de ce secteur à couvrir et j’ai déjà perdu assez de temps. » dit calmement le jeune homme. « Dépêchez-vous de vous remettre au travail. »

Le soleil était déjà haut quand Kaoru sortit de sa contemplation béate du ciel pour se replonger dans la réalité. Tsuyu et son chien ninja n’avaient prononcé aucun mot pendant leur marche. D’après leur vitesse et le temps passé, ils avaient parcouru près de dix kilomètres. Le paysage de prairies bosselées faisait place aux forêts clairsemées qui saupoudrent les hauteurs du nord. Une rivière chantait dans un contrebas inaccessible aux yeux de Kaoru. Cet écoulement tranquille provoqua un frisson chez le jeune homme qui, immobile dans son brancard de fortune, ressentait l’affaiblissement des rayons du soleil, filtrés par le feuillage d’automne des érables. Mais pour la première fois de la journée, Kaoru se sentait à l’abri des dangers invisibles du monde. Dans cette forêt sereine, le bruit de leur convoi semblait ne pouvoir résonner au-delà des arbres les plus proches.

« _On est tout près, il est temps de modifier nos traces… » déclara Tsuyu.

Elle venait de briser la sérénité retrouvée de Kaoru qui s’inquiéta en lui-même d’une possible filature. Après tout, il avait laissé des empreintes plus que lisibles sur le champ de bataille. Mais il lui fallait aussi réfléchir et choisir l’histoire qu’il allait raconter à cette Kunoichi avant qu’elle ne lui demande. A cet instant, il aurait voulu se changer en un oiseau insignifiant, pour voltiger de branche en branche et observer, indifférent, celui qui aurait pris sa place dans cette situation. Cette pensée avait un arrière goût désagréable pensa-t-il. Ce n’était pas là un souhait qu’aurait fait un ninja ayant combattu pour son pays et contre l’invasion. Même s’il n’avait jamais ressenti ce dévouement et ce sens du devoir quand il combattait dans l’armée de Hatake Shinji, quelque chose avait changé. Il n’allait pas essayer de comprendre quoi ni comment, comme il l’aurait fait quand il était ce craintif Ninja qui avait choisi l’unité d’intelligence pour s’éloigner du combat.

« _Prends le fardeau et passe par le marais… » dit Yajuu. « Je m’occupe de la fausse piste.
_Ok, on se rejoint sur la Route des Ronces alors. »

Le grand chien se débarrassa de Kaoru en poussant un grognement d’acquiescement. Il s’éloigna de quelques pas et s’immobilisa.

« _Henge* ! »

Kaoru n’en croyait pas ses yeux. Le chien avait pris forme humaine sans l’aide d’un Ninja. Il n’avait jamais eu connaissance d’un tel talent, même au sein des brigades canines de l’armée. Kaoru retint alors son souffle quand il vit l’homme robuste – qui une seconde plus tôt était un animal – former des sceaux.

« _Technique des Clones de l’Ombre ! »

Yajuu créa deux clones identiques à sa nouvelle forme humaine, puis les transforma en simulacre de Tsuyu et Kaoru. Ce dernier était ébahit. La technique des clones de l’ombre était un jutsu de haut niveau, que seuls les Ninja d’élite maîtrisaient. Il se sentait mal à l’aise, car il se savait faible, mais il ne s’attendait pas à ce que ces deux là soient aussi puissants. Kaoru allait devoir choisir ses mots de façon réfléchie quand on allait les lui demander. Tsuyu s’approcha de lui et une crainte lui serra la poitrine. Il ne put réprimer un regard d’inquiétude soumise quand elle se pencha sur lui. Elle paraissait s’en amuser, à moins qu’elle n’y ait pas prêté attention. Avait-elle toujours le sourire se demanda-t-il. Comment peut-on avoir l’air si désinvolte en ayant comme animal de compagnie un chien Ninja d’un niveau si terrifiant ? Tsuyu prit les épaules de Kaoru et le leva. Il fut surpris mais comme pour la satisfaire, il fit l’effort d’user ses muscles pour s’alléger dans ses bras. Elle le soutint par l’épaule puis se retourna vers Yajuu qui s’attelait déjà à la création d’une fausse piste.

« _Fais vite Yajuu. Et économise ton chakra…
_T’en fais pas pour ça. »

Tsuyu formait un sceau d’une main pour concentrer son chakra et Kaoru pouvait ressentir sa formidable maîtrise dans l’accumulation des énergies physiques et spirituelles. En un instant, il fut projeté sur une branche haute. A sa surprise, Tsuyu le tenait toujours et c’était bien elle qui avait pris cette impulsion fulgurante.

« _Ca va ?
_Oui c’est bon, vous en faites pas pour moi, ça ira…
_Ta voix est plus mature que je ne le pensais » dit-elle de façon espiègle.

Elle fit un nouveau bond et ils partirent tous deux, parcourant les branchages à une vitesse affolante. « Ca ira » repensait Kaoru. Il était loin d’en être convaincu. Mais pour l’heure, seules comptaient les apparences.

« _Où allons-nous ? » demanda-t-il avec une assurance empruntée.

Tsuyu lui sourit avant de lui répondre.

« _A notre village caché… Tu ferais mieux de garder les yeux fermés à présent si tu veux en repartir un jour. »
Le jeune Ninja s’efforça de ne paraître ni étonné, ni inquiet. Il finit par s’exécuter et se sentit étrangement confiant en se laissant guider dans l’obscurité par la Kunoichi. Même s’il avait le sentiment le plus profond que cette journée laborieuse n’allait jamais prendre fin, il était heureux et reconnaissant d’être toujours en vie.

Sur les lieux de séparation du trio, cinq hommes se tenaient en cercle.

« _Ils ont utilisé des clones pour simuler cette piste…
_Encore une pratique abjecte de Hinin. Aucun doute, nous poursuivons des Shinobi… et ils seront morts avant la nuit. » dit le Samurai qui serrait la poignée de son katana.

A SUIVRE



(*) Traductions :
Kunoichi : femme Ninja
Bushi : « guerrier », ancienne appellation des Samurai, avant leur fonctionnarisation
Hinin : « sous-homme », terme méprisant employé pour parler d’un Ninja
Iaijutsu : technique de coup mortel en sortant le katana de son fourreau
Henge : métamorphose
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Salvor.Hardin
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MessagePosté le: Mar 16 Jan 2007, 9:20 am    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre III

- Apparences Animales -



Yajuu avait presque épuisé sa réserve de chakra. Il regarda en arrière pour observer son travail et fit disparaître ses clones en geste de contentement. Il lui fallait maintenant rejoindre Tsuyu et il n’aimait pas la savoir avec ce jeune Ninja dont il ne savait rien. Mais quelque chose l’inquiétait d’avantage. Les odeurs de cinq hommes qui semblaient se rapprocher de lui s’éloignaient à présent. Se pouvait-il que ce groupe soit à leur recherche ? Si c’était le cas, ils avaient vu au travers du leurre et Tsuyu était donc en danger. Comme pour se rassurer, il se parla à voix haute :

« _S’ils ont compris pour la fausse piste, cela veut dire que ce sont des Ninja, ou qu’un Ninja les accompagne. Puisqu’ils nous ont suivi tout ce temps et en considérant notre vitesse de progression, ils n’ont pas pu alerter des renforts, ce qui peut aussi indiquer qu’ils agissent de leur propre chef… Ont-ils un rapport avec le gamin ? »

Cette pensée l’agaça profondément et il reprit sa forme animale pour se soulager d’un grognement bestial. Il savait qu’il ne pouvait pas les arrêter et un combat dans son état ne suffirait pas à les retarder. De plus, il avait besoin de ce qui lui restait d’énergie pour rejoindre Tsuyu promptement. Sans pouvoir prendre de décision, il partit retrouver son amie. Il le savait maintenant, seul son instinct allait primer. Le grand chien Ninja connaissait ses travers : sous l’inquiétude ou la colère, il n’était pas capable de choisir une solution logique à un problème et par expérience, il se savait plus efficace dans une telle situation s’il se laissait envahir par ses émotions. En restant concentré sur les différentes odeurs qui lui parvenaient, il pourrait maîtriser la situation ou en tout cas, en apprendre d’avantage.

***
Tsuyu était songeuse et pour la première fois, Kaoru la voyait sans un sourire sur les lèvres. Elle s’inquiétait pour Yajuu mais ne montrait aucune détresse. La détermination semblait ne jamais quitter son regard. Le jeune homme admirait la Kunoichi sans vraiment comprendre pourquoi. Dans ses yeux il pouvait percevoir une vie faite de combats et de difficultés mêlés à un bonheur irrévocable. Kaoru était en réalité impressionné par la force qui se dégageait dans chaque aspect de la jeune femme.

« _Il ne va plus tarder… Tel que je le connais, il a du faire du zèle. » dit-elle.

Puis, réalisant qu’elle devait paraître vulnérable en disant cela, elle rajouta avec légèreté :

« _Ou alors il est tombé sur un lapin et il prend le temps de le digérer ! »

Kaoru aurait voulu lui répondre pour la conforter mais il avait peur qu’une conversation ne s’engageât. Cela pourrait tourner à l’interrogatoire et il n’avait pas suffisamment d’éléments pour se mettre à l’abri de tous risques. En réalité, il ne savait pas quoi penser : le village vers lequel ils se dirigeaient ne pouvait se situer que sur les terres du Pays du Feu. Pourtant, cette femme Ninja et son chien n’avaient vraisemblablement pas pris part au combat. Il lui fallait attendre d’être arrivé à destination pour tirer des conclusions. Le jeune homme prit alors le temps d’observer les environs. Il était arrivé ici les yeux fermés et il se demanda comment il avait été possible à Tsuyu de pénétrer cet endroit. D’épaisses ronces aux piques acérées les entouraient, s’élevant bien au dessus de leurs têtes. Les arbres étaient devenus trop rares pour servir d’appuis à un déplacement rapide. Kaoru remarqua que la plupart d’entre eux étaient déjà morts, sans doutes privés des nutriments que la forêt d’épines engloutissait.

« _Tu dois te demander comment on est arrivé là... » dit Tsuyu qui devinait ses pensées. « Je possède une affinité avec le monde végétal et ces ronces qui protègent l’accès à notre village m’obéissent sous l’impulsion de mon chakra. Je peux donc ouvrir une route et la refermer derrière mes pas pour tromper des poursuivants éventuels. »

Elle se tourna vers lui pour observer sa réaction mais il ne laissa rien paraître. En lui-même il était presque soulagé d’avoir une explication si simple et il ne s’étonnait plus des pouvoirs de la femme Shinobi.

« _Quand Yajuu sera là, tu devras refermer les yeux, et ce jusqu’à la fin du voyage. »

« La fin du voyage » pensa-t-il. Kaoru savait que quoiqu’il advienne, ce dont parlait Tsuyu ne serait en aucun cas la fin.

***
Le Samurai leva la main et les quatre Ninja se figèrent, tous leurs sens à l’affut de ce qu’il avait pu détecter. Un bruissement dans les fougères les avertit que quelque chose se mouvait près d’eux. Zukuri, qui s’était opposé à son chef, était cette fois-ci déterminé dans sa mission et fit le premier mouvement. Il s’avança lentement pour identifier quelle genre de vie les avait approché. Avant de pouvoir mener à bien sa besogne, ils comprirent tous que le grondement qui leur parvenait maintenant était celui d’un chien. Celui-ci sortit des fougères, menaçant et prêt à bondir. Son pelage gris était tellement hérissé que l’animal paraissait démesuré.

« _Ce n’est qu’un chien » lança l’un des Ninja.
« _Est-ce qu’il pose problème pour suivre la piste Zukuri ?
_Non, je ne peux même pas sentir son odeur. Tout ce que mon nez distingue est le sang et il n’y a qu’une seule piste ici…
_Tu es sur que c’est un chien ? Ca ressemble à un loup !
_Il est bien plus gros qu’un loup. C’est un grand chien des montagnes, un animal sauvage qu’on ne peut pas apprivoiser… Un sacré prédateur, il vaut mieux le tuer si on ne veut pas qu’il parasite la piste en chassant pour son repas de midi ! »

Le chien s’avançait fébrilement en montrant les crocs. Zukuri sortit un kunai et le lança dans le même geste, calquant la technique Samurai de son chef comme pour se mesurer à lui sans l’affronter. L’animal fut frappé par l’arme de jet et poussa un couinement de détresse. Il se réfugia dans les fougères, blessé et vaincu. Le Ninja partit à sa recherche et ne tarda pas à trouver son cadavre, quelques dizaines de mètres plus loin. Il vérifia que l’animal fut bien mort et recouvra son arme. En revenant vers ses coéquipiers, il arborait un sourire de satisfaction sublimé par l’excitation d’avoir versé du sang frais. Il regarda droit dans les yeux du Samurai. Celui-ci se contenta de dire sur un ton las :

« _Peut-on se remettre au travail ? »

Zukuri était courroucé par l’attitude du jeune Bushi mais il ne put que se résoudre à acquiescer et reprendre la piste.

***
Tsuyu était maintenant très agitée. Son regard suppliait la forêt de lui rendre Yajuu. Elle ne prêtait plus aucune attention à Kaoru qui trouvait de plus en plus difficile de garder le silence. Il commençait à se sentir coupable d’avoir entraîné la jeune femme et son ami dans cette situation. La peur d’être pris en filature s’estompait dans son cœur à mesure que sa compassion pour Tsuyu grandissait.

« _Peut-être devrait-on continuer notre route… Je suis sur qu’il nous retrouvera si on ne se déplace pas trop rapidement. » dit-il avec le ton le plus bienveillant qu’il fut capable de prendre.
« _Non. Nous sommes déjà bien assez enfoncés dans les ronces. Yajuu ne peut pas y pénétrer aussi facilement si je ne suis pas là.
_Si nous sommes effectivement traqués, la meilleure tactique serait de rester en mouvement. Il pourra certainement nous suivre grâce à son flair ou tromper les poursuivants pour…
_On l’attend ici ! Je le connais bien plus que ce que tu peux imaginer et je n’ai que faire de tes idées de manœuvres militaires. »

L’agacement de Tsuyu mortifia le jeune Ninja. Il se sentait affreusement impuissant et s’effraya d’avoir dégradé le lien fragile qu’il avait créé avec la Kunoichi. Il savait que rien ne pouvait rattraper cet accroc dans l’immédiat mais il ne put s’empêcher de vouloir essayer. Avant qu’il ne puisse prendre la parole, Tsuyu leva la main en geste d’alerte. Lui aussi avait ressenti la présence qu’elle venait de déceler. Quelqu’un s’approchait et s’il fallait en juger par les sons qui leur parvenaient maintenant, cette personne ne se souciait d’aucune furtivité et se précipitait à leur rencontre. Tsuyu prit le bras de Kaoru et le tira violemment pour le placer devant elle. Il ne fut pas surpris qu’elle veuille l’avoir sous les yeux pendant cet instant. Elle ne pouvait pas rejeter l’idée qu’il puisse profiter de cette intrusion pour s’enfuir ou même s’avérer être un allié des traqueurs et attaquer la jeune femme. Comme pour prouver ses bonnes intentions, il voulu se saisir d’un kunai et se préparer à défendre Tsuyu. Il prit alors conscience que sa sacoche avait disparu, depuis la bataille de la veille certainement. Presque inconsciemment, il tendit son bras pour se placer entre la jeune femme et la silhouette qui se démenait furieusement dans les ronces. Tsuyu fut prise de court par le geste du Ninja. Elle s’empressa de sortir une arme de son sac et posa une main sur l’épaule de Kaoru, lui signalant qu’il n’était pas nécessaire qu’il se batte. Celui-ci sentit l’étreinte se raffermir quand l’homme se dévoila enfin.

« _Yajuu !! » cria-t-elle, se précipitant sur le grand gaillard sorti des ronces.

Il suffoquait presque tant il était essoufflé et se tenait l’épaule avec douleur. Ses yeux sauvages ne quittaient pas Kaoru.

« _Tu es blessé ? Que s’est-il passé ?
_Nous sommes poursuivis par un Samurai et quatre Ninja… Je les ai rencontrés dans la forêt et j’ai pu tirer quelques informations sur leur technique de pistage. L’un d’eux peut sentir le sang sur une grande distance alors je les ai laissé me blesser. Je leur ai fait croire à ma mort avec un clone de l’ombre et j’ai pu laisser l’odeur de mon propre sang sur une de leurs armes. Mes dernières réserves de chakra y sont passées pour forger une nouvelle fausse piste avec ma blessure. Je ne sais pas si cela va suffire pour les tromper mais ça nous donnera au moins plus de temps pour déguerpir.
_Pourquoi avoir gaspillé tes réserves en te transformant ? » lui demanda-t-elle, tout en observant sa blessure avec inquiétude.
« _J’ai pensé que l’odeur de sang humain constituerait un meilleur subterfuge… S’ils nous suivent, c’est à cause de l’odeur des morts sur le corps et les vêtements du gamin !
_Qu’est-ce que tu as mis dans cette blessure ?
_J’ai du arrêter l’hémorragie après avoir terminé le nouveau leurre… C’est de la boue et des plantes astringentes que j’ai trouvé dans le coin.
_Reprends ta forme s’il te plaît » dit-elle sur un ton maternel.

Il s’exécuta et reposa son regard sur Kaoru qui ne put s’empêcher de baisser les yeux face au grand animal. Tsuyu posa sa bouche sur la blessure du chien et nettoya la plaie en aspirant le cataplasme et le sang. Le jeune Ninja releva les yeux pour observer cette scène. Il lui sembla que Tsuyu s’était elle-même changé en animal et il comprit que la beauté farouche de son visage n’était pas un hasard. Il ressentit alors le chakra de la jeune femme se concentrer. Elle malaxait dans sa bouche ce qu’elle avait retiré de la blessure et y incorporait son propre chakra. Elle recracha alors le tout directement dans l’entaille, posa sa main par-dessus et ferma les yeux pour se concentrer. Yajuu reprenait son souffle tout en fixant Kaoru.

« _Ce gamin va nous causer trop de problèmes. Il vaudrait mieux le tuer et le laisser ici.
_Non ! On est allé trop loin pour reculer maintenant. Nous ferons ce qui était convenu. »

Le ton était ferme mais en disant cela, elle caressait la grande tête de Yajuu avec affection. Le jeune homme s’aperçut que cette câlinerie était plus que ce qu’elle paraissait être. Tsuyu transférait son chakra à l’animal qui semblait pouvoir le stocker. Il comprit alors comment ce chien pouvait utiliser des techniques de si haut niveau. Kaoru se sentit tout à coup esseulé devant l’intimité de la Kunoichi et sa bête.

« _J’espère au moins que tu lui as bandé les yeux jusqu’ici…
_Non mais il les a gardé fermés. Je lui ai fait confiance. »

Yajuu regarda alors sa maîtresse avec gravité.

« _A partir de maintenant, ou tu lui bandes les yeux, ou je m’arrange pour qu’il ne voit plus jamais rien. »

Tsuyu se leva pour s’approcher de Kaoru et celui-ci put lire sur les traits de la jeune femme le soulagement d’avoir retrouvé son ami cher. Ses yeux riaient de nouveau et il en fut content. Elle s’agenouilla devant lui pour déchirer un pan de sa tunique qu’elle posa délicatement sur son visage. Avant de retrouver l’obscurité, il s’amusa des impressions contradictoires que cette Shinobi provoquait en lui. Cette bouche salie par la terre et le sang ne semblait pas appartenir à cette personne aux gestes doux et délicats.

« _Non Yajuu ! »

Kaoru entendit le chien se précipiter sur lui et comprit en perdant connaissance qu’il l’avait frappé à la nuque.

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Salvor.Hardin
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MessagePosté le: Sam 03 Fév 2007, 5:32 am    Sujet du message: Répondre en citant

Chapitre IV

- En Attendant les Larmes -


-1-

En ouvrant les yeux, Kaoru savait précisément où il se trouvait. Des voix l’avaient guidé vers son éveil et pendant un instant, il sentit le confort de se lever dans un endroit familier. Cette sensation l’avait pourtant quitté depuis la mort de sa mère, dix ans plus tôt.

« _Nous ne pouvons pas prendre le risque de garder un émissaire du Royaume ici… »

Retour au présent. Il se souvint qu’il n’était pas en lieu sur. Les voix n’étaient plus si réconfortantes et le plafond qu’il observait lui était inconnu.

« _Je suis d’accord. Je te l’avais bien dit Tsuyu, on aurait du l’achever quand on l’a trouvé ! »

Yajuu. Cet animal parlait encore de le tuer. Kaoru sentit son corps s’alourdir dans le lit.

« _Tu n’y penses pas triple idiot ! Tuer un émissaire ne ferait que mettre Kajugakure sur la carte… Nous devons protéger ce village et la meilleure façon de le faire c’est de rester caché. »

Cette voix était profonde et pleine d’expérience. Etrangement, elle réchauffait le cœur du jeune Ninja. Mais autre chose le réconfortait : en prenant l’identité d’un membre du Royaume, il semblait qu’il puisse se mettre à l’abri de tous risques.

« _Et le groupe de Ninja qui nous poursuivait ? »

La Kunoichi. Kaoru savait qu’elle était présente, c’étaient ses paroles plus que toute autre qui l’avaient déraciné de sa torpeur. Mais ce qu’elle disait maintenant rappelait au jeune homme que sa situation ne pouvait se résoudre d’elle-même. La guerre était terminée et ses camarades étaient tombés. Il était maintenant ennemi de tous, seul et sans mission. Il avait tant lutté pour survivre depuis cette dernière bataille qu’il n’avait pas pris le temps de réaliser que sa vie n’avait plus de sens. En avait-elle eu avant cela ?

« _Nous aviserons s’ils trouvent le village. Quoiqu’il en soit, le garçon constituera une bonne monnaie d’échange contre notre secret. C’est tout ce qu’on peut espérer maintenant. »

Yajuu gronda avec aversion.

« _Tu vois, c’est pour cela qu’il faut toujours s’en tenir aux instructions quand on sort du village Tsuyu.
_Tais-toi. Si je suivais toutes les instructions à la lettre, tu serais mort depuis longtemps.
_Dans le cas présent, il a raison Tsuyu-chan. Vous auriez du vous contenter de mener à bien la mission de reconnaissance qui vous était confiée. Des éclaireurs ne doivent prendre des décisions par eux-mêmes qu’en des circonstances exceptionnelles.
_Un survivant dans un combat de cette ampleur, c’est assez exceptionnel, je trouve… »

Tsuyu était agacé mais le ton de la conversation restait néanmoins chaleureux. Kaoru pouvait déceler une parenté et de la tendresse entre le vieil homme et la jeune femme.
Le son d’un panneau mural qu’on ouvre le fit se redresser. Il vit le visage de la femme Ninja qui le regardait d’un œil sombre. Pendant quelques instants, elle gardait le silence devant l’air ahuri du jeune homme.

« Il est réveillé. » dit-elle simplement avant de quitter les lieux.

Un homme à la carrure prodigieuse se présenta alors devant Kaoru. Il portait une barbe fournie qui masquait presque son visage. Derrière l’apparence hirsute du grand gaillard, le garçon pouvait deviner une grande sagacité. Il était presque fasciné par ces grands yeux perçants et rieurs qui le jaugeaient.

« _Je suis Mosa, chef de Kajugakure. » dit-il solennellement.

« Kajugakure » pensa Kaoru. Le village de l’arbre. Il n’en avait jamais entendu parler et ne put s’empêcher de demander par précaution :

« _Votre village se trouve-t-il sur les terres du Pays du Feu ?
_En effet. Nous nous situons dans la région septentrionale du pays mais c’est là toute la précision que je puis vous offrir pour l’instant. Nous ne sommes que des agriculteurs et des fermiers. Ainsi, face aux guerres incessantes – et plus encore dernièrement – nous gardons notre emplacement secret et vivons dans une autarcie protectrice. »

Mosa prit alors un air lugubre. Yajuu entra à son tour dans la pièce comme pour donner du poids à cet interrogatoire déguisé en accueil coutumier.

« _Jusqu’à votre venue ici, nous étions à l’abri de tout conflit possible. Vous pourriez mettre facilement en péril notre petite communauté… »

Il marqua une pause et Kaoru savait que l’instant était crucial.

« _La guerre est terminée Mosa-sama, je suis bien placé pour vous en parler. Votre fille m’a trouvé sur le dernier champ de bataille du conflit, avant que mes camarades du Royaume puissent me venir en aide.
_Oh… Vous êtes plutôt perspicace mon garçon ! » lança-t-il avec bonne humeur. « Tsuyu ne me ressemble que si peu… C’est tout sa mère si vous voulez savoir. Ah, une beauté farouche et rare en ces contrées, que seul un maladroit à la chance éternelle comme moi peut apprivoiser ! » dit-il avant d’éclater d’un rire tonitruant.

Kaoru se laissa aller à un sourire de politesse et le chef du village en profita pour le déstabiliser :

« _Mais je parle, je parle et j’en oublie de vous demander votre nom… Vous ne me l’avez toujours pas dit n’est-ce pas ? »

Le jeune Ninja se sentit rougir et s’empressa de répondre.

« _Veuillez m’excuser ! Je suis Uchiha Kaoru du… Du Royaume, monsieur. »

Mosa ouvrit de grands yeux ronds et se pencha sur lui. Il l’observa quelques instant avec amusement alors que Kaoru s’efforçait de demeurer impassible.

« _Tu peux rejoindre ma fille, Yajuu. Je n’ai plus besoin de toi ici. »

Kaoru s’étonna de la docilité du grand chien qui quittait les lieux silencieusement.

« _Comme vous l’avez dit mon garçon, la guerre est finie. Les troupes du Royaume doivent déjà marcher vers l’Est pour entériner la victoire. Ici, comme vous le verrez, nous ne nous occupons pas de qui règne et qui se rebelle. A part ma fille et son chien, nous ne sommes pas des combattants. Hélas ! Que j’aimerais la voir se soucier plus des rizières ou des fleurs… »

Il ponctua sa phrase d’un nouveau rire qui roula comme le tonnerre. Kaoru restait circonspect tout en essayant de paraître décontracté. La vérité était qu’il ne parvenait pas à cerner Mosa. Son attitude pleine de bonhommie semblait sincère mais le jeune homme ne pouvait s’empêcher de relever une multitude de sous-entendus intriguant dans les paroles du chef de village.

« _Levez-vous à présent. Je veillerai personnellement à vous faire visiter notre petite bourgade. Peut-être qu’après cela, la clémence d’un émissaire du Royaume servira-t-elle à conserver la paix qui règne ici. » conclu-t-il avec un sourire entier.

Kaoru répondit poliment avec le rictus le plus aimable qu’il put produire, tout en se disant que Mosa ne lui avait pas dévoilé pour autant ce qu’il comptait faire de lui.

En sortant de la demeure, le jeune Ninja fut aussitôt absorbé dans une contemplation béate des environs. L’architecture du village ne ressemblait en rien à ce qu’il avait vu auparavant. Des hautes bâtisses colorées s’élevaient parmi des maisonnettes gracieuses. Des rues sinueuses façonnées à même la terre menaient à des recoins pleins de caractère sans jamais perdre la luminosité du ciel. Il observait les promeneurs isolés s’affairant à leurs tâches, portant denrées et autres fruits de leur labeur. Il régnait une atmosphère enjouée et paisible qui allégeait le cœur de Kaoru. Le rire de Mosa le tira de sa distraction.

« _Et bien mon garçon ! Je vois dans vos yeux une admiration qui me touche. Vous n’avez pas du voir souvent ce genre de constructions… Ici, nous nous plaisons à vivre dans la douceur des angles arrondis. Certaines maisons sont même parfaitement rondes, ne trouvez-vous pas cela agréable au regard ?
_Si… » répondit-il simplement.

Il réalisait que c’était bien cette particularité qui faisait le charme du village. Les angles droits ne semblaient être destinés qu’aux édifices ayant une fonction : commerces, dépôts et bâtiments officiels.

« _Mosa-sama. » commença-t-il. « Si je comprends bien, vous n’êtes sous l’autorité d’aucun seigneur féodal ?
_C’est exact. Nous avons notre propre système pour gérer les affaires du village.
_Les Bushi n’ont-ils jamais foulé ces lieux pour vous rattacher aux terres de leur seigneur ?
_Certainement pas ! Comme je vous l’ai dit, Kaoru-kun, nous vivons une existence à l’abri du reste du monde. Nous cultivons nos terres et grandissons en conséquence de notre propre labeur. Les guerres des Bushi et des Ninja d’Itsumi ne nous regardent pas. Grand bien leur fasse de vouloir le pouvoir et les terres de tous les pays. Ici nous sommes heureux du peu que nous possédons et nous ne désirons pas plus que ce qui est nécessaire. »

Kaoru ne sut pas quoi répondre. A la mention d’Itsumi, son mensonge lui serrait la poitrine. Il se faisait passer pour un serviteur de ce tyran assoiffé de carnages. Celui qui avait certainement tué le capitaine que tous ses camarades admiraient et pour lequel ils s’étaient tous battus et étaient morts. Le jeune Ninja avait honte et sans comprendre pourquoi, il pensa à Tsuyu. A son regard plein de force et de détermination.

« _Il se fait tard. Dans peu de temps le soleil va se coucher et nous irons dîner à l’abri. » dit Mosa en levant les yeux au ciel.
« _A l’abri ? » demanda Kaoru.

Le regard rieur du géant devint alors lugubre. Baissant les yeux sur le garçon, il lui dit avec gravité :

« _La bataille à laquelle tu t’es battu a fait beaucoup de victimes… Le poids des morts pèse lourd sur le Ciel. »

Il redressa alors la tête vers la voûte céleste qui s’assombrissait déjà.

« _Il pleurera toute la nuit la bêtise des hommes. »


A SUIVRE (seconde partie du chapitre dans peu de temps...)
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